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zincourt, journée si fatale à la France, Edouard les immola tous.

Quand Gengiskan s’empara de la Chine, il fit égorger deux millions d’enfans devant lui.

Jettez les yeux sur la vie des douze Césars, dans Suétone, elle vous offrira mille atrocités de ce genre.

Les Poulias, au Malabar, forment une caste si méprisée, qu’il est permis à chacun de les tuer. Quand on veut essayer ses armes, on tire sur le premier que l’on rencontre, sans distinction d’âge ni de sexe.

Les nobles, en Russie, en Dannemark et en Pologne, peuvent tuer un serf, en mettant un écu sur le cadavre ; jamais la vie d’un homme, tel qu’il soit, ne peut être estimée qu’à prix d’argent, parce que l’argent peut réparer, et le sang ne répare rien. Si la loi du Talion est odieuse, c’est assurément dans ce cas-ci ; car le meurtrier a un motif quelconque pour commettre son assassinat, et vous, imbéciles enfans de Thémis, vous n’en avez aucun pour le vôtre. Mais que l’on me réponde, si cela est possible, à l’objection suivante.

Quoi, selon vous, constitue le crime dans