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chères… Je veux m’abreuver de leur sang… Je veux que toi et moi couchées l’une sur l’autre dans une baignoire pendant que nous nous branlerons toutes deux… Je veux, dis-je, que le sang de ces putains nous inonde ; je veux que nous en soyons couvertes… je veux que nous y nagions… je veux que ces deux femmes que j’abhorre aujourd’hui, expirent à nos yeux de cette manière. Je veux que nous nous embrâsions de leurs derniers soupirs, et que plongées ensuite toutes deux au fond de cette même baignoire, ce soit sur leurs cadavres et dans leur sang que nous couronnions nos derniers plaisirs.

Madame de Donis qui n’avait pas cessé de se branler pendant l’aveu qu’elle me faisait, s’évanouit en déchargeant ; singulièrement échauffée moi-même de ce que je venais d’entendre, j’eus toutes les peines du monde à la faire revenir ; elle m’embrassa dès qu’elle eut ouvert les yeux. Juliette, me dit-elle, je t’ai dit des horreurs ; mais tu vois à l’état où elles m’ont mise, l’effet prodigieux qu’elles font sur mes sens… Je suis loin de me repentir de ce que je t’ai dit. J’exécuterai ce que j’ai conçu, et cela sans