Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/87

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aucun délai ; il faut que cette infamie remplisse demain notre journée… Belle et délicieuse amie, dis-je, à cette femme charmante, vous n’avez pas craint, je me flatte, de trouver un censeur en moi ! Je suis loin de blamer vos idées ; mais je leur demande quelques recherches et quelques épisodes. Il me paraît que des choses délicieuses pourraient se joindre à tout cela. De quelle manière prétendez-vous que vos victimes répandent sur nous tout leur sang ? N’est-il donc pas essentiel au complément de votre jouissance, qu’il ne coule que par les plus violens supplices ?… Ah ! me répondit vivement la comtesse, crois-tu que ma perversité ne les ait pas déjà conçus… arrangés. Je veux que ces supplices soient aussi longs qu’affreux ; je veux dix heures de suite m’enivrer de leurs exécrations ; je veux que nous déchargions vingt fois l’une sur l’autre, en nous repaissant des cris des victimes, en nous repaissant, de leurs larmes. Ah ! Juliette, poursuivit cette femme emportée, en me polluant avec autant d’ardeur qu’elle en employait sur elle-même, tout ce que mon ame épanche dans la tienne n’est que le fruit de tes conseils… de tes instructions.