Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tine… cette petite fille qui, selon moi, n’a ni figure ni esprit, quoique toute la ville en parle comme d’une des merveilles de la Suède… oui, Herman, vous l’aimez… vous l’aimez, vous dis-je, je le sais. — Mademoiselle Ernestine Sanders pense bien à moi, je crois, madame… sa naissance… son état… Savez-vous, madame, que son ayeul, le colonel Sanders, ami de Charles XII, était un très-bon gentilhomme de Westphalie. — Je le sais. — Eh bien ! madame, ce parti-là saurait-il donc me convenir ? — Aussi vous assurai-je, Herman, qu’il ne vous convient nullement ; il vous faut une femme faite, une femme qui pense à votre fortune, et qui la soigne, une femme de mon âge et de mon état en un mot. Herman rougit, il se détourne… Comme dans ce moment on apportait le thé, la conversation fut interrompue, et Herman, après le déjeûner, va reprendre ses occupations.

Ô ! ma chère Ernestine, dit le lendemain Herman à la jeune Sanders, il n’est que trop vrai que cette cruelle femme