Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/156

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a des vues sur moi, je n’en puis plus douter ; vous connaissez son humeur, sa jalousie, son crédit dans la ville[1] ; Ernestine, je crains tout, et comme le colonel entrait, les deux amans lui firent part de leurs appréhensions.

Sanders était un ancien militaire, un homme de fort bon sens, qui ne se souciant pas de se faire des tracasseries dans la ville, et voyant bien que la protection qu’il accordait à Herman allait attirer contre lui la Scholtz et tous les amis de cette femme, crut devoir conseiller amen jeunes gens de céder aux circonstances ; il fit entrevoir à Herman que la veuve dont il dépendait, devenait au fond un bien meilleur parti qu’Ernestine, et qu’à son âge, il devait estimer infiniment plus les richesses que la figure. Ce n’est pas, mon cher, continua le colonel, que je Vous refuse ma fille… je vous connais…

  1. Nordkoping est une ville absolument de commerce, où par conséquent une femme comme madame Scholtz à la tête d’une des plus riches maisons de la Suède, devait tenir le premier rang.