Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/167

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davantage, c’était l’irriter le plus certainement.

Ernestine ose demander alors à celui qu’elle aime, ce qu’il peut donc appréhender, et elle ne lui cache point la douleur où la plongent de pareils soupçons. Ô mon ami ! dit cette intéressante fille, en pressant les mains d’Herman, les individus les plus puissans de l’Europe, fussent-ils tous à cette assemblée, dussent-ils tous s’enflammer pour ta chère Ernestine, doutes-tu que la réunion de ces cultes pût former autre chose qu’un hommage de plus à son vainqueur ? Ah ! ne crains rien, Herman, celle que tu as séduite ne saurait brûler pour un autre ; fallut-il vivre avec toi dans l’esclavage, je préférerais ce sort à celui du trône même ; toutes les prospérités de la terre peuvent-elles exister pour moi dans d’autres bras que ceux de mon amant !… Herman, rends-toi donc justice, peux-tu soupçonner que mes yeux apperçoivent à ce bal, aucun mortel qui puisse te valoir ; laisse à mon cœur le soin de t’apprécier, mon ami, et tu seras toujours