Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/29

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terrain, Se couvre insensiblement des voiles les plus obscures, d’affreux éclairs sillonent la nue, la foudre gronde, ses éclats retentissent dans les montagnes élevées qui dominent la route que suit le roi ; on dirait que les élémens sont prêts à se confondre ; à tout moment le feu du ciel frappant les roches d’alentour, en détache des quartiers immenses, qui roulant aux pieds de notre malheureux voyageur, lui offrent sans cesse de nouvelles barrières ; une grêle épouvantable se joint à ces désastres, et vient tellement l’assaillir, qu’il est contraint de s’arrêter ; mille spectres, plus effrayans les uns que les autres, descendent alors des nues enflammées, pour voltiger autour de lui, et chacune de ces ombres offre encore au malheureux Rodrigue l’image de ses victimes. « Tu nous verras sous mille formes diverses, s’écrie l’une d’entr’elles, et nous viendrons déchirer ton cœur, jusqu’à ce qu’il soit devenu la proie des furies qui t’attendent pour nous venger de tes forfaits ». Cependant l’orage redouble, des tourbillons