Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/30

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de feu s’élancent à tout instant du ciel, pendant que l’horison est coupé transversalement par des éclairs qui se brisent et se croisent en tous les sens ; la terre même enfante de toutes parts des trombes de feu, qui s’élevant en l’air, retombent en pluies brûlantes, de plus de deux mille toises ; jamais la nature en courroux ne présenta de plus belles horreurs.

Rodrigue, la tête à couvert sous une roche, invective le ciel, sans le prier, ni se repentir. Il se lève, il regarde autour de lui, il frémit des désordres qui l’entourent, et n’y trouve qu’un nouveau sujet de blasphême. Être inconséquent et cruel, s’écrie-t-il, en fixant les cieux, pourquoi nous blâmes-tu, quand l’exemple du trouble et du désastre nous est donné par ta main même ? Mais suis-je, continue-t-il, en n’appercevant plus de chemin, et que vais-je devenir au milieu de ces ruines ? « Vois cet aigle accroupi sur la roche qui te servait d’asyle, lui crie la voix qu’il est accoutumé d’entendre ; aborde-le, assis-toi sur ses reins, il