Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/92

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heureuse a les yeux fermés, elle ne respire plus… la pâleur de la mort couvre ses belles joues… Antonio menace… on ne l’entend point… il frémit, il pleure, il chancèle… Elle est morte, s’écrie-t-il… elle n’a pu soutenir ma vue… La nature m’enlève la douceur de me venger moi-même ; je verserais en vain son sang… elle ne sentirait plus mes coups… Qu’on la secoure… qu’on rende cette perfide à la lumière… qu’on me donne le cruel plaisir de déchirer ce cœur ingrat qui put me trahir à ce point… je veux qu’elle respire, par chacun de ses sens, la mort affreuse que je lui prépare… oui, qu’on lui rende le jour… peut-être que… Ô Laurence ! Laurence, puis-je douter encore… Qu’on la ranime, mon père… qu’on la ranime, je veux l’entendre, je veux savoir d’elle même à quelles raisons ont pu la porter à ce comble d’horreur… je veux voir s’il lui restera assez de fausseté pour justifier son parjure… de quel œil elle en soutiendra toute la honte.

Il n’était plus besoin de secours pour