Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/91

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Il faut patienter jusqu’à cinq heures, dit Charles en s’éveillant, tel est l’instant où ton indigne épouse attend Urbain au parc dans le cabinet d’orangers.

Il vient enfin ce moment affreux. Suis-moi, dit Charles à son fils… pressons-nous, Camille vient de m’avertir, et ton déshonneur se consomme… Les deux Strozzi s’avancent au fond des jardins… plus on approche, moins Antonio peut se contenir… Arrêtons-nous, dit Charles… de ce lieu nous pourrons tout voir… À ces mots il entr’ouvre à son fils une charmille… à dix pieds au plus du fatal cabinet… Oh juste ciel ! quel spectacle pour un époux adorant sa femme ! Antonio voit Laurence étendue sur un lit de verdure, et le traître Urbain dans ses bras… Il ne se contient plus ; franchir le feuillage qui lui sert de rempart… voler sur le couple adultère, et poignarder l’infâme qui le déshonore, tout cela n’est pour lui que l’ouvrage d’un instant… Son bras se lève sur sa coupable épouse ; mais l’état dans lequel il croit que sa présence l’a mis, le désarme… La mal-