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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/183

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principalement quand ils vont à la guerre, ils portent pour la plus-part à l’entour de la teste de certains pennaches en couronnes, et d’autres en moustaches, faicts de longs poils d’Eslan, peints en rouge comme escarlatte, et collez, ou autrement attachez à vne bande de cuir large de trois doigts. Depuis que nos François ont porté des lames d’espées en Canada, les Montagnets et Canadiens s’en seruent, tant à la chasse de l’Eslan, qu’aux guerres contre leurs ennemis, qu’ils sça-208||uent droictement et roidement darder, emmanchées en de longs bois, comme demyes-picques.

Quand la guerre est declarée en vn pays on destruit tous les bourgs, hameaux, villes et villages frontieres, incapables d’arrester l’ennemy, sinon on les fortifie, et chacun se range dans les villes et lieux fortifiez de sa Iurisdiction, où ils bastissent de nouuelles Cabanes pour leur demeure, à ce aydés par les habitans du lieu. Les Capitaines assistés de leurs Conseillers, trauaillent continuellement à ce qui est de leur conseruation, regardent s’il y a rien à adiouster à leurs fortifications pour s’y employer, font balayer et nettoyer les suyes et araignées de toutes les Cabanes, depeur du feu que l’ennemy y pourroit ietter par certains artifices qu’ils ont appris de ie ne sçay quelle autre Nation que l’on m’a autresfois nommée. Ils font porter sur les guerites des pierres et de l’eau pour s’en seruir dans l’occasion. Plusieurs font des trous, dans lesquels ils enferment ce qu’ils ont de meilleur, et peur de surprise les Capitaines enuoyent des soldats pour descouurir l’ennemy, pendant qu’ils encouragent les autres de faire des armes, 209 || de se tenir