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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

aux cellules embryonnaires femelles, dont l’assemblage forme le vitellus.

Une liquéfaction générale mêle alors les éléments de ces cellules. Ce mélange, tout à fait semblable à celui qu’on supposait tout à l’heure entre les molécules organiques, devient le signal d’une série de phénomènes évolutifs que la science moderne constate, sans prétendre à les expliquer comme le faisait Buffon. Le vitellus se tord et reprend l’apparence granuleuse ; un noyau, le noyau vitellin, s’y manifeste et semble présider à l’évolution nouvelle. Une sorte de toile embryonnaire se forme de cellules nouvellement nées, et au sein de cette toile apparaît enfin une petite tache qui devient l’embryon proprement dit.

Cet embryon se forme de cellules spécifiquement distinctes, différenciées dès leur naissance par leurs propriétés anatomiques ; elles viennent composer, chacune suivant son espèce, les divers organes et les diverses parties de l’animal, les unes constituant le système circulatoire, celles-ci le système musculaire, celles-là le système nerveux.

Ne sommes-nous pas en droit de dire que ces cellules spécifiquement distinctes rappellent dans une certaine mesure les molécules hétérogènes que Buffon tirait de tous les points du corps pour former l’être nouveau ? et ne vous semble-t-il pas que Buffon, tout en construisant sur des observations insuffisantes un système de parade, avait eu un sentiment assez exact des phénomènes ?

Il est encore un point des plus importants par où la théorie des molécules organiques confine à nos idées contemporaines et flatte même nos fibres les plus secrètes. Ces molécules, que Buffon place à l’origine de la vie, elles sont dans le monde en