Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/18

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Ne conçoit un désir, n’opère un mouvement,
Sans produire sur eux un vif ébranlement
Qui, par de prompts signaux dont la chaîne est suivie,
Fait que tout monte et frappe au siège de la vie.
C’est peu d’ouvrir les yeux à la nécessité, Que le plus simple fait sur la terre enfanté Se lie à tous les faits de l’ordre incorruptible ; Il faut que cette loi te devienne sensible, Que ton œil entrevoie à cette liaison Une clé lumineuse, une grande raison. Elle existe, et je viens d’en épargner l’étude. Tout consiste, tout gît dans la similitude : Que les lois et les noms de mille objets divers Gardent toujours entr’eux dans les deux univers. Dans ton monde on connaît ces mots : intelligence, Morale, jugement, poésie, éloquence, Et mille autres aux arts, aux talents consacrés. Et dans le mien ces mots bien loin d’être ignorés, D’autant d’êtres vivants sont les noms véritables ; Des suprêmes décrets les lois inaltérables, Aux pieds de l’Eternel ont placé dans les cieux Des agents purs, des chefs qui comme autant de Dieux, Environnés des feux d’une sainte atmosphère, Etendent leurs regards jusqu’au sein de la sphère ; Ils président, chacun en vertu de leurs noms, Sur l’un de ces talents et sur l’un de ces dons, Que l’Être universel remit a, ton usage, Pour orner ton esprit, ton cœur et ton langage. C’est de là que la fable a peint son Apollon, Rassemblant tous les arts dans le sacré vallon,