Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les consacrant chacun aux soins d’une déesse,
Et les fertilisant par les eaux du Permesse :
Ainsi sur tous ces dons tu ne peux t’exercer,
Tu ne peux exprimer leurs noms, même y penser,
Sans que ce simple effort opéré dans ton monde,
N’atteigne jusqu’au mien et qu’il n’y corresponde.
A ces noms, à ces chefs, dont les puissants ressorts
De nos deux univers forment tous les rapports :
Mais à leur doux accent, la terre réunie,
Ne veut-elle former qu’une juste harmonie ?
Il faut en s’exerçant dans les terrestres lieux,
Que l’homme sympathise avec ces demi-Dieux ;
Que dans lui tout s’accorde avec leurs lois suprêmes ;
Que précis, mesuré comme ils le sont eux-mêmes,
Le coup d’œil le plus sûr, l’ordre le plus exact,
Règle ses plans, son goût, ses paroles, son tact,
Et l’assimile en tout à ses correspondances.
Sans cela, loin d’offrir de justes consonnances,
Et loin de retracer sous leur vrai coloris,
Ces dons et ces talents des muses si chéris,
Il n’en exprime plus qu’une image confuse ;
Il ne rend qu’un vain son que l’oreille récuse ;
Sa discordante voix n’exprimant aucun sens,
Va remplissant les airs de barbares accents
Qui, propageant au loin leur choc et leur désordre,
De ma demeure même, ont droit de troubler l’ordre.
Qui peut de ces dangers mieux l’instruire que moi, Puisque du saint conseil la souveraine loi De tout temps m’honora du nom de Poésie’ ? En vertu de mon nom l’Eternel m’a choisie