Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/24

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Nourrissaient seulement mes premiers favoris :
Pour ceux dont je (levais ménager les esprits,
Mon front s’enveloppait de voiles, de mystères,
J’avais soin de couvrir d’emblèmes salutaires
Ces traits, ces vérités trop profondes pour eux ;
Mais, Phanor, en prenant ces soins officieux,
J’avais toujours pour but d’exercer leur pensée ;
Pour eux-seuls j’envoyais Cœlus, Rhéa, Persée,
Pour eux-seuls j’enseignais comment naquit Pallas ;
Quelle force en rocher put transformer Atlas,
Et dans les sombres lieux précipiter Tipbée ;
Quel charme s’exhalait de la lyre d’Orphée !
Quel pouvoir émané des Dieux libérateurs,
Fit placer dans les cieux Astérope et ses soeurs,
Et refusa pourtant à l’heureuse Astérope
Les dons que possédait la muse Calliope :
Ces dons qui florissant sur le mont Cithéron,
Pouvaient fléchir Minos, dessécher l’Achéron,
Expliquer aux mortels les secrets d’Uranie,
Et les initier à ma sainte harmonie.
D’autrefois déposant ces voiles fabuleux,
Je leur offrais des faits plus clairs, plus dignes d’eux.
C’est ainsi que ma main, au sein de la Chaldée,
Vint allumer ce feu qui remplit la Judée,
Et montrer par l’éclat de son embrasement,
Que mes propres vertus lui servaient d’aliment.
C’est ainsi que mon nom par d’étonnants prodiges
Des Prêtres de Memphis dissipa les prestiges ;
Que même de Sion la superbe Cité,
Après avoir langui dans la stérilité,