Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/35

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Mais ces sages instruits des suprêmes décrets,
Qui leur découvrait donc ces sublimes secrets ?
Et nourrissait en eux cette flamme divine
Qui de son propre feu tirant son origine,
Allumait dans leur sein un foyer créateur ?
Le respect pour celui qu’ils en croyaient l’auteur,
Le bonheur d’établir sa gloire et ses puissances,
Voilà d’où découlaient toutes leurs jouissances.
Leur cœur ne respirant que pour la vérité,
Elle exauçait les vœux qu’offrait leur piété.
Satisfaits de marcher sous la loi salutaire,
Cette vérité seule était tout leur salaire ;
Ils éprouvaient qu’en elle était le plus grand prix
Dont elle put payer ses plus chers favoris.
Aussi, tremblant d’amour pour ce précieux gage,
Ils n’en faisaient jamais que le plus saint usage.
Chaque fois que sa main venait les couronner
Au pied de son autel, prompts à se prosterner,
De ses moindre fav’eurs ils lui rendaient hommage ;
Ils savaient que ce soin, aussi pieux que sage,
Sur eux, sur leurs écrits, maintenant entr’ouverts
Ces trésors dont le ciel féconde l’univers ;
Que sur ce devoir saint la moindre négligence
Des talents et du goût produits de la décadence ;
Et qne tant d’écrivains ne restaient loin du but
Que pour avoir manqué de payer ce tribut.
Ces douceurs dont leur âme était souvent saisie,
En cultivant ainsi l’art de la Poésie,
Cen’est point pour eux-seuls qu’ils en cueillaient les fruits ;
De leur fécondité plus ils étaient instruite,