Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/36

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Et plus sur les humaine ils les voulaient répandre ;
Ils engageaient les cœurs qui pouvaient les entendre
A s’occuper du soin de révérer les Dieux,
Et de faire mûrir les germes radieux
Dont la main souveraine annoblit notre essence,
Ces élus n’écoutant que leur sainte éloquence,
Par leurs sons vertueux instruisaient les mortels,
Des Dieux par leur amour honoraient les autels,
Et faisaient ressortir du sein de leurs prières,
Un trésor de vertus, de dons et de lumières,
Qui de la Poésie annonçant la hauteur,
Unissait par sa voix et l’homme et son auteur :
Voilà sur quels appuis ils fondèrent leur gloire.
Aussi la mort n’a point terminé leur histoire.
Leur nom agit toujours depuis qu’ils ne sont plus ;
Ce nom seul reposant sur de nouveaux élus,
Peut faire entendre encor leur divine harmonie
Dans notre obscurité leur sublime génie,
A nos yeux incertains peut servir de flambeau :
’ Oui, Poètes sacrés, oui du sein du tombeau,
Vous pouvez élever votre voix prophétique ;
Il n’est plus loin de nous cet éternel portique
Où vont de vos accents retentir les accords.
Par vos sons il est prêt à verser ses trésors.
Parlez et dans l’instant la divine influence
Sur nous, sur l’univers coule avec abondance :
Parlez et de son souffle elle tient allumé
Ce feu générateur dont tout est animé
Je sens qu’elle m’élève, et que toute la terre
Avec moi se transporte au sein du sanctuaire :