Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/48

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La mort en nous forçant à la fraternité,
Veut peindre à notre esprit cette sainte unité,
Où l’amour nous attend ; où la piété brille ;
Où, dans un séjour pur, le père de famille,
Prodiguant des trésors sans cesse renaissants,
Se plaît à se confondre avec tous ses enfants ;
Et n’a rien qu’avec eux son cœur ne le partage.
De Ja nature ici prenons le témoignage :
Tout corps est le produit d’e’Iements concentrés,
Qui de leur liberté semblent être frustrés.
Chacun d’eux, en quittant la forme corporelle,
Par degrés va trouver sa base originelle.
Si dans nous il existe un élément divin,
Pour lui la même loi mène à la même fin.
Nous devenons des Dieux, quand on nous décompose ;
Et pour l’homme la mort est une apothéose.
Ainsi cette unité reparaît à nos yeux ;
Et si nous ne pouvons la voir que dans les cieux,
Ici, dans ce décret, son image est présente.
Qui n’y verrait pas même une main bienfaisante ?
L’homme lit son arrêt dès ses premiers instants,
Pour que, nouveau Lévite, il médite long-temps,
Dans ce livre sacré, les lois des sacrifices,
Et s’instruise à quel prix ils devenaient propices.
Ces lois, dans l’animal, n’ont rien à ranimer ;
Il ignore sa mort, il ne sait pas aimer.
Que serait donc pour lui cette éloquente image
Dont il n’est pas admis à comprendre l’usage ?