Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/51

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Que pour les cultiver, par toi, je te conjure,
De te rendre à mes vœux, si la victime est pure.
Ces morts qui sont ici, qui, de leurs tristes jours,
Sous l’oeil de ta justice, ont accompli le cours,
Ne pourraient-ils servir aux plans de ta tendresse !
Pour guérir tes enfants, ob ! profonde sagesse,
Tout n’est-il pas au rang de tes puissants moyens !
Levez-vous, morts, oh ! vous, mes vrais concitoyens ;
Dieu le permet, quittez le séjour de la vie ;
Revoyez un instant votre humaine patrie,
Vos amis, vos parents ; que tous, dans ces cantons,
Par vous, de la sagesse, apprennent les leçons !
Le sépulcre, en s’ouvrant à leurs fragiles restes,
Un jour, engloutira leurs passions funestes.
Ils y verront dormir, auprès de l’assassin,
Ceux à qui sa fureur aura perce le sein ;
L’indigent famélique à côté de l’avare
Qui l’aura repoussé dans son dédain barbare ;
A côté de l’ingrat son zèle bienfaiteur,
Et l’innocent auprès de son persécuteur.
Venez leur exposer ces tableaux prophétiques ;
Présentez aux vivants ces leçons pacifiques,
Et que tous, dès ce monde, ils soient autant d’amis."
Une voix, que je prends pour celle d’Alexis, D’en haut, sur mon autel, soudain paraît descendre ; Jusqu’au fond de mon cœur elle se fait entendre ; Je l’écoutais parler, rempli d’un saint effroi ; Elle me semblait dire : «Ami, rassure-toi, Tes vœux sont purs ; le Dieu d’amour et de justice, D’un regard favorable a vu ton sacrifice.