Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/52

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Jusqu’au plus haut des cieux ton encens est monté ;
Et ce ne sera point à ta seule cité
Que les morts prêteront leur appui salutaire.
Un jour ils parcourront tous les lieux de la terre,
Pour aider son courage en des temps désastreux.
L’iniquité s’accroît ; ces sons injurieux,
Ces blasphèmes sortis du sein de l’arrogance,
Bientôt, du ciel lui-même, armeront la puissance.
Dans ces jours malheureux, partout l’air gémira ;
Les astres pleureront ; le marbre se plaindra ;
Par la force du feu les eaux seront taries ;
Par la force des vents naîtront mille incendies,
Tous les volcans du globe à la fois vomiront ;
Les éléments en guerre, entr’eux se heurteront ;
Tous prendront la parole, et d’effroyables signes,
Aux méchants apprendront de quel sort ils sont dignes.
Alexis qui t’annonce aujourd’hui ces fléaux,
Vivant, n’était pas seul à pleurer tous ces maux ;
Et même il compte encor dans les murs de ta ville,
Trois frères de douleurs. Il en compterait mille
Qui veillent dans la France. Aucune nation,
On peut dire, aucun lieu, qui n’ait part a ce don.
Dieu ne surprend jamais, et sa bonté suprême,
Sans relâche, aux mortels peint leur péril extrême.
rToi donc, qui rends les morts témoins de tes tourments, Que tes larmes aussi s’adressent aux vivants ; Que l’homme du torrent entende ton langage ; L’œuvre est grande : elle doit enflammer ton courage. Elle est ta récompense. Heureux d’avoir goûté La soif de la justice et de la vérité !