Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/56

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Il pense, il s’affranchit du joug pesant des heures ;
Il parcourt librement les célestes demeures,
Ces lieux où le bonheur ne se suspend jamais.
Quand il s’est rajeuni dans ce séjour de paix,
Il revient contempler ces étonnants prodiges,
Dont l’univers au sage offre encor des vestiges,
Avec l’aveu du maître il peut les approcher ;
Il a droit de les voir ; même de les toucher,
De les électriser par sa vive influence,
Et d’en faire jaillir des traits de sa puissance."
» Dis-leur : vous voyez là le culte souverain,
Qui du suprême amour, fut la suprême fin.
Quand ce germe fécond reçut l’ordre d’éclore,
Les livres, les écrits n’existaient pas encore.
Ils est le texte mère ; et les traditions
N’en sont que des reflets et des traductions.
Ce culte fut fondé sur l’homme et la nature.
C’est un appareil vif, calqué sur la blessure ;
Et de la guérison étant le vrai canal,
Il dut prendre l’empreinte et les formes du mal.
D’abus faits en son nom, un torrent nous inonde :
Mais vous qui vous donnez pour les flambeaux du monde,
N’allez plus répétant que tout culte pieux,
N’est et ne fut jamais que superstitieux.
Les bases désormais en sont justifiées :
Si le monde est rempli d’erreurs sanctine’es ;
Si partout l’imposture ajoute à ces abus,
Chaque écart, de leur source, est un ti’moiri de plus :
L’homme qui chaque jour nous montre sa faiblesse,
Sans le fruit de la vigne eût-il connu l’ivresse ?