Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/55

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Vous prétendez tantôt, que l’idée est innée ;
Tantôt, que par les sens elle nous est donnée.
L’idée, objet profond qui vous divise tous,
N’est pas innée eu vous, mais à côté de vous.
Ces animaux, ces fruits, dont la plus pure essence,
Vous prêtant son secours, soutient votre existence,
Sont aussi comme innés auprès de votre corps.
Sont-ils innés en lui ? Non ; mais grâce aux ressorts,
Dont la sage nature a pourvu vos viscères,
Ces substances pour lui ne sont point étrangères.
Ses sucs avec leurs sucs se peuvent allier,
Et votre sang enfin se les approprier :
De vos doutes par là les bornes sont fixés.
Vous naissez, vous vivez au milieu des pensées ;
Et ce qui vous fait homme, est le droit merveilleux
D’admettre en vous ces fruits ; de former avec eux
Un doux lien, fondé sur votre analogie ;
D’aller, avec ce titre, aux portes de la vie,
Vous faire délivrer ce pain de chaque jour,
Qui sans cesse renaît dans l’éternel amour.
Mais surtout faites-vous un esprit assez sage, .
Pour discerner les fruits dont vous faites usage.
Combien de fruits peu mûrs, corrompus, vénéneux !...
Les sables de la mer ne sont pas plus nombreux."
» Dis -leur : l’homme est bien grand, son esprit vous
pardonne
La méprise où, sur lui, le vôtre s’abandonne :
Il ne s’offense point des cris d’un peuple enfant.
Tandis que votre voix le condamne au néant,