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Ils changent notre bouche en exquise blessure
Par où coule à longs traits le sang des cœurs maudits,
Nous rendant chaque jour, mortelle nourriture,
Le fruit du paradis.



II




Tu savais bien, Iaveh ! qu’en sa chair frémissante
L’Homme, prompt à bénir et prompt à blasphémer,
Cache une âme qui brûle, à vouloir impuissante
Et faite pour aimer !

Tu mets près de la lèvre un fruit qui la désire ;
Tu dis : c’est le plaisir ; n’y touchez pas ! pourquoi ?
Sous notre pied glissant l’abîme nous attire :
Qui l’a creusé ? c’est toi !