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LIVRE DEUXIÈME.

renaissance au commencement du dix-septième siècle, surtout par Port-Royal, ce n’est pas à dire assurément que le seizième siècle fut tout entier à la grande résurrection de l’antiquité païenne, que le feu des érudits se concentra exclusivement sur les beaux auteurs classiques dont ils étaient volontiers idolâtres, et que les Pères grecs et latins n’eurent aucune part dans cette vaste étude recommençante. Certes, Érasme, Mélanchthon, Calvin, Castalion, Fra Paolo, et tant d’autres, surent les Pères, chacun à sa manière ; Bellarmin, Du Perron, ne les ignoraient pas davantage ; le Père Sirmond les remuait assez profondément. Mais chez les Catholiques pourtant et en France, jusqu’au sortir du seizième siècle, il y eut peu de doctrine véritable et nul enseignement voisin des sources ; Du Perron y puisait surtout en controversiste, Sirmond en critique érudit ; pour ce qui est du suc moral et chrétien et de l’esprit du dogme, on peut maintenir (avec les restrictions convenables) que chez nous la véritable renaissance ecclésiastique, au lieu d’être contemporaine de l’autre, classique et profane, retarda et fut comme ajournée à l’époque que nous décrivons.

À moins qu’on n’aime mieux dire que toutes deux retardèrent également jusque-là, pour leur partie intérieure et indépendante de la lettre : ce qu’on appelle goût en littérature, et qui est le sens chrétien en religion. Quoi qu’on en pense, Lancelot nous apprend de cette maison de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, l’une des meilleures de Paris, ce qui peut sembler incroyable, et ce qui était vrai, à plus forte raison, de toutes les autres : « …Et pour le Nouveau Testament, j’avois été jusqu’à l’âge de vingt ans à Saint-Nicolas sans qu’on nous en eût fait lire aucune ligne, au moins en particulier, et ils étoient si peu instruits là-dessus que l’un d’eux me dit un jour que l’Introduction à la Vie dévote étoit plus