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LE PICCININO.



Mais la princesse n’était pas seule… (Page 28.)

― Ainsi, voilà tout le mystère ? Pourquoi te faisais-tu prier pour me le dire ?

― Ah ! parce que la princesse m’a dit en me quittant : « Mila, je te prie de ne parler à personne de la bonne journée que nous avons passée ensemble, et de l’amitié que nous avons contractée. J’ai mes raisons pour te demander le secret là-dessus. Tu les sauras plus tard, et je sais que je peux compter sur ta parole, si tu veux bien me la donner. » Tu penses bien, Michel, que je ne la lui ai pas refusée ?

― Fort bien ; mais tu y manques, maintenant.

― Je n’y manque pas. Tu n’es pas un autre pour moi, et certainement la princesse n’a pas compté que j’aurais un secret pour mon frère ou pour mon père.

― Mon père sait donc tout cela ?

― Certainement, je lui ai bien vite tout raconté.

― Et il n’a été ni surpris ni inquiet de ce caprice de la princesse ?

― Et pourquoi surpris ? C’est ta surprise qui est singulière et un peu impertinente, Michel. Est-ce que je ne peux pas inspirer de l’amitié, même à une princesse ? Et pourquoi inquiet ? Est-ce que l’amitié n’est pas une bonne et douce chose ?

― Mon enfant, je suis cependant, sinon inquiet, du moins étonné de cette amitié-là, moi. Dis-moi quelque chose qui me l’explique, au moins ? Notre père a donc rendu quelque grand service à la princesse Agathe ?

― Il a fait beaucoup de belles peintures de décor dans le palais. Il a fait des feuillages superbes dans la salle à manger, entre autres.

― J’ai vu tout cela ; mais il est bien payé. La princesse l’a pris en amitié pour son activité et son désintéressement, n’est-ce pas ?

― Oui, cela doit être. Tous ceux qui voient mon père pendant quelque temps, ne l’aiment-ils pas ?

― C’est juste. Allons, c’est à cause de notre digne père que tu inspires tant d’intérêt à cette grande dame !

― Oh ! ce n’est pas une grande dame, va, Michel ! c’est une bonne femme, une excellente personne.

― Et qu’a-t-elle pu te dire, à toi, enfant, durant toute une journée ?

― Elle m’a fait mille questions, sur moi, sur mon