Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/551

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par rapport aux choses présentes, que des sentiments et des instincts. La science des idées nouvelles a des formules qui me sont étrangères et que je n’apprendrai probablement jamais. Il est trop tard. J’appartiens par l’esprit à une génération qui a déjà fait son temps. »

Il m’assura que je me trompais et que, quand j’aurais mis le pied dans un certain cercle de discussion, je ne pourrais plus m’en arracher. Il se trompait aussi un peu, mais il est certain que je ne devais pas tarder à m’y intéresser vivement.

Huit mois se passèrent encore avant que j’eusse la tranquillité nécessaire à ce genre d’études.

M. Dudevant ayant hérité d’un revenu qu’il avouait être de 1,200 fr. et qui devait bientôt augmenter du double, il ne me semblait pas juste qu’il continuât à jouir de la moitié du mien. Il en jugea autrement, et il fallut discuter encore. Je ne me serais pas donné tant de peine pour une question d’argent, si j’avais pu être certaine de suffire à l’éducation de mes deux enfants. Mais le travail littéraire est si éventuel, que je ne voulais pas soumettre leur existence aux chances de mon métier : banqueroute d’éditeurs, banqueroute de succès ou de santé. Je voulais amener mon mari à ne plus s’occuper de Maurice, et il y paraissait disposé. Puisqu’il se croyait trop gêné pour payer son entretien sans mon aide, je lui proposai de m’en charger moi-