Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/213

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des adieux que la ville de Bonn. La bande joyeuse déjeûna et fut ensuite visiter le château. C’est une imitation de Versailles. Les appartemens délabrés ont encore de beaux plafonds peints à fresque. L’escalier, très vaste et très clair, est soutenu par des cariatides et orné de bas-reliefs. Mais tout cela, malgré sa richesse, porte l’empreinte ineffaçable du mauvais goût allemand. Ils ne peuvent pas se défendre, en nous copiant, de nous surcharger, et s’ils ne font que nous imiter ils nous singent. J’errai longtemps dans ce palais avec l’officier de chasseurs, qui est, ainsi que moi, passionné pour les arts.

« Puis nous fûmes rejoindre la société dans le parc, et, après l’avoir parcouru dans tous les sens, on proposa une partie de ballon. Nous étions sur une belle pelouse entourée d’une futaie magnifique. Il faisait un temps admirable. Chacun, habit bas, le nez en l’air, l’œil fixé sur le ballon, s’escrimait à l’envi, lorsque les préparatifs du banquet arrivèrent du fond d’une sombre allée. La partie est abandonnée, on s’empresse. Les petits pâtés sont dévorés avant d’être posés sur la table. À la fin du dîner, qui fut entremêlé de folies et de tendresses, on me chargea de graver sur l’écorce du gros arbre qui avait ombragé notre festin un cor de chasse et un sabre, avec mon chiffre au milieu. À peine eus-je fini, qu’ils vinrent tous mettre leurs noms