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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/85

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d’aujourd’hui. Ceux-ci ne gaspillent pas la fortune dans les plaisirs, dans l’amour des arts et dans les imprudentes largesses d’un sentiment aristocratique suranné. Ils suivent les idées prudentes de leur temps, comme mon grand-père suivait la route facile du sien. Mais qu’on ne vante pas ce temps-ci plus que l’autre ; les hommes ne savent pas encore ce qu’ils font et ce qu’ils devraient faire.

Mon grand-père mourut dix ans après son mariage, laissant un grand désordre dans ses comptes avec l’Etat et dans ses affaires personnelles. Ma grand’mère montra la bonne tête qu’elle avait en s’entourant de sages conseils, et en s’occupant de toutes choses avec activité. Elle liquida promptement, et, toutes dettes payées, tant à l’Etat qu’aux particuliers, elle se trouva ruinée, c’est-à-dire à la tête de 75,000 livres de rente[1].

  1. Voici un renseignement que me fournit mon cousin René de Villeneuve : « L’hôtel Lambert était habité par notre famille et par l’amie intime de Mme Dupin de Chenonceaux, la belle et charmante princesse de Rohan-Chabot. C’était un vrai palais. En une nuit, M. de Chenonceaux, fils de M. et de Mme Dupin, cet ingrat élève de J.-J., marié depuis peu de temps à Mlle de Rochechouart, perdit au jeu 70,000 livres. Le lendemain, il fallut payer cette dette d’honneur. L’hôtel Lambert fut engagé, d’autres bien vendus. De ces splendeurs, de ces peintures célèbres, il ne me reste qu’un très beau tableau de Lesueur représentant trois