Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La révolution devait restreindre bientôt ses ressources à de moindres proportions, et elle ne prit pas tout de suite son parti aussi aisément de ce second coup de fortune ; mais, au premier, elle s’exécuta bravement, et, bien que je ne puisse comprendre qu’on ne soit pas immensément riche avec 75,000 livres de rente, comme tout est relatif, elle accepta cette pauvreté avec beaucoup de vaillance et de philosophie. En cela, elle obéissait à un principe d’honneur et de dignité qui était bien selon ses idées ; au lieu que les confiscations révolutionnaires ne purent jamais prendre dans son esprit une autre forme que celle du vol et du pillage.

Après avoir quitté Châteauroux, elle habita, rue du Roi de Sicile, un petit appartement, dans lequel, si j’en juge par la quantité et la dimension des meubles qui garnissent aujourd’hui ma maison, il y avait encore de quoi se retourner. Elle prit, pour faire l’éducation de son fils, un

    muses dont une joue de la basse. Il l’avait peint deux fois, l’autre exemplaire est au Musée. M. de Chenonceaux, notre grand-oncle et notre grand-père Francueil ont mangé sept à huit millions d’alors. Mon père, marié à la sœur de ton père, était en même temps propre neveu de Mme Dupin de Chenonceaux et son unique héritier. Voilà comment depuis quarante-neuf ans je suis propriétaire de Chenonceaux. » Je dirai ailleurs avec quel soin religieux et quelle entente de l’art M. et Mme de Villeneuve ont conservé et remeublé ce château, un des chefs-d’œuvre de la renaissance.