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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/100

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et se flattant d’éclipser la gloire de ses concurrens au comité d’agriculture. Nous prenions soin de lui mêler toutes ces graines triées avec tant de scrupule par ses propres mains, nous mélangions le pastel avec le colza, et le sarrazin avec le millet, si bien que les graines poussaient tout de travers, et qu’il récoltait de la luzerne là où il avait semé des raves. Il entassait manuscrits sur manuscrits pour prouver à ses confrères de la Société d’agriculture que M. Cadet de Vaux était un âne et M. Rougier de la Bergerie un veau ; car c’était en ces termes peu parlementaires qu’il faisait la guerre aux systèmes de ses concurrens dans le comice agricole. Nous dérangions les feuillets de ses opuscules et nous ajoutions des lettres à plusieurs mots pour y faire des fautes d’orthographe. Il lui arriva une fois d’envoyer le manuscrit ainsi embelli à l’imprimerie, et quand on lui renvoya ses épreuves à corriger, il entra dans une colère épouvantable contre le crétin de prote qui faisait de pareilles bévues.

Parmi ses livres, il y en avait plusieurs qui excitaient vivement notre curiosité : entre autres, le Grand Albert et le Petit Albert, et divers manuels d’économie rurale et domestique, fort anciens et remplis de billevesées. Il y en avait un, dont j’ai oublié le titre, que Deschartres avait placé au plus haut de ses rayons, et qu’il prisait pour l’ancienneté de l’édition. Je ne saurais dire au juste de quoi il traite ni ce qu’il vaut. Nous ne