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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/101

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pouvions guère le parcourir, car l’escalade pour le saisir et le remettre en place prenait une partie du temps que nous dérobions à la vigilance du maître. Autant que je m’en souviens, il y avait de tout : des remèdes pour guérir les maladies des hommes et des bêtes, des recettes pour les médicamens, les mets, les liqueurs et les poisons. Il y avait aussi de la magie, et c’était là ce qui nous intéressait le plus. Hippolyte avait ouï dire une fois à Deschartres qu’il s’y trouvait une formule de conjuration pour faire paraître le diable. Il s’agissait de la trouver dans tout ce fatras et nous nous y reprîmes à plus de vingt fois. Au moment où nous pensions arriver au magique feuillet, nous entendions retentir sur l’escalier les pas lourds de Deschartres. Il eût été plus simple de lui demander de nous le montrer ; il est probable que, dans un moment de bonne humeur, il nous eût enseigné en riant le procédé pour appeler satan ; mais il nous paraissait bien plus piquant de surprendre le secret nous-mêmes et de faire l’expérience entre nous.

Enfin, un jour que Deschartres était à la chasse, Hippolyte vint nous chercher. Il avait, ou il croyait avoir trouvé parmi divers grimoires, celui qui servait à l’incantation. Il y avait des paroles à dire, des lignes à tracer par terre avec de la craie et je ne sais quelles autres préparations qui m’échappent, et que nous ne pouvions réaliser. Soit qu’Hippolyte se moquât de nous, soit qu’il