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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/115

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Quelquefois Deschartres, assistant à la leçon, renchérissait sur le professeur pour nous reprocher de marcher et de danser comme des ours ou des perroquets. Mais nous, qui détestions le marcher prétentieux de Deschartres, et qui trouvions M. Gogault singulièrement ridicule de se présenter dans une chambre comme un zéphyr qui va battre un entrechat, nous nous hâtions, mon frère et moi, de nous tourner les pieds en dedans aussitôt qu’il était parti, et, comme il nous les disloquait pour leur faire prendre la première position, nous nous les disloquions en sens contraire dans la crainte de rester comme il nous voulait arranger. Nous appelions ce travail en cachette la sixième position. On sait que les principes de la danse n’en admettent que cinq.

Hippolyte était d’une maladresse et d’une pesanteur épouvantables, et M. Gogault déclarait que jamais pareil cheval de charrue ne lui avait passé par les mains. Ses changemens de pied ébranlaient toute la maison ; ses battemens entamaient la muraille. Quand on lui disait de relever la tête et de ne pas tendre le cou, il prenait son menton dans sa main et le tenait ainsi en dansant. Le professeur était forcé de rire, tandis que Deschartres exhalait une sérieuse et véhémente indignation contre l’élève, qui croyait pourtant avoir fait preuve de bonne volonté.

Le maître d’écriture s’appelait M. Loubens.