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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/118

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Elles n’avaient qu’un bon résultat, c’était de nous occuper et de nous faire prendre l’habitude de nous occuper nous-mêmes. Mais il eût mieux valu éprouver nos facultés, et nous tenir ensuite à une spécialité que nous eussions pu conquérir. Cette manière d’apprendre un peu de tout aux demoiselles est certainement meilleure que de ne leur rien apprendre ; c’est encore l’usage, et on appelle cela leur donner des talens d’agrément, agrément que nient, par parenthèse, les infortunés voisins condamnés à entendre des journées entières certaines études de chant ou de piano. Mais il me semble que chacune de nous est propre à une certaine chose, et que celles qui, dans l’enfance, ont de l’aptitude pour tout, n’en ont pour rien par la suite. Dans ce cas-là, il faudrait choisir et développer l’aptitude qui domine. Quant aux jeunes filles qui n’en ont aucune, il ne faudrait pas les abrutir par des études qu’elles ne comprennent pas, et qui parfois les rendent sottes et vaines, de simples et bonnes qu’elles étaient naturellement.

Il y a pourtant à considérer le bon côté en toutes choses, et celui de l’éducation que je critique est de développer simultanément toutes les facultés, par conséquent de compléter l’âme, pour ainsi dire. Tout se tient dans l’intelligence comme dans les émotions de l’être humain. C’est un grand malheur que d’être absolument étranger aux jouissances de la peinture lorsqu’on est musicien,