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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/119

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et réciproquement. Le poète se complète par le sentiment de tous les arts et n’est point impunément insensible à un seul. La philosophie des anciens, continuée en partie au moyen-âge et pendant la renaissance, embrassait tous les développemens de l’esprit et du corps, depuis la gymnastique jusqu’à la musique, aux langues, etc. Mais c’était un ensemble logique, et la philosophie était toujours au faîte de cet édifice. Les diverses branches de l’instruction se rattachaient à l’arbre de la science, et quand on apprenait la déclamation et les différens modes de la lyre, c’était pour célébrer les dieux, ou pour répandre les chants sacrés des poètes. Cela ne ressemblait guère à ce que nous faisons aujourd’hui en apprenant une sonate ou une romance. Nos arts si perfectionnés sont en même temps profanés dans leur essence, et nous peignons assez bien le peu de dignité de leur usage en les appelant arts d’agrément dans le monde.

L’éducation étant ce qu’elle est, je ne regrette pas que ma bonne grand’mère m’ait forcée de bonne heure à saisir ces différentes notions. Si elles n’ont produit chez moi aucun résultat d’agrément pour les autres, elles ont du moins été pour moi-même une source de pures et inaltérables jouissances, et, m’étant inculquées dans l’âge où l’intelligence est fraîche et facile, elles ne m’ont causé ni peine ni dégoût.

J’en excepte pourtant la danse que M. Gogault