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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/124

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riantes images de leurs rêves ; mais un jour vient où le talisman perd sa vertu, ou bien la glace se brise, et les éclats sont dispersés pour ne jamais se réunir.

Tel fut pour moi l’éparpillement de toutes les personnes et de presque toutes les choses qui remplirent ma vie de Paris jusqu’à l’âge de dix-sept ou dix-huit ans. Ma grand’mère et tous ses vieux amis des deux sexes moururent un à un. Mes relations changèrent. Je fus oubliée, et j’oubliai moi-même une grande partie des êtres que j’avais vus tous les jours pendant si longtemps. J’entrai dans une nouvelle phase de ma vie ; qu’on me pardonne donc de trop m’arrêter dans celle qui a disparu pour moi tout entière.

Je voyais de temps en temps les neveux de mon père et la nombreuse famille qui se rattachait à l’aîné surtout, René, celui qui habitait le joli petit hôtel de la rue de Grammont. Je n’ai encore rien dit de ses enfans, afin de ne pas embrouiller mon lecteur dans cette complication de générations ; et, au reste, je n’ai rien à dire de son fils Septime, que j’ai peu connu et qui ne m’était point sympathique. Le rêve de ma grand’mère était de me marier avec lui ou avec son cousin Léonce, fils d’Auguste. Mais je n’étais pas un parti assez riche pour eux, et je crois que ni eux ni leurs parens n’y songèrent jamais. Les propos des bonnes me mirent de bonne