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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/163

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pas permis de beaucoup rire aux dépens de la vieille comtesse. Les nouvelles du dehors n’étaient pas gaies non plus, et, un jour de printemps, ma grand’mère convalescente reçut une lettre de Mme de Pardaillan qui lui disait : « Les alliés sont entrés dans Paris. Ils n’y ont pas fait de mal. On n’a point pillé. On dit que l’empereur Alexandre va nous donner pour roi le frère de Louis XVI, celui qui était en Angleterre et dont je ne me rappelle pas le nom. »

Ma grand’mère rassembla ses souvenirs. « Ce doit être, dit-elle, celui qui avait le titre de Monsieur. C’était un bien mauvais homme. Quant au comte d’Artois, c’était un vaurien détestable. Allons, ma fille, voilà nos cousins sur le trône, mais il n’y a pas de quoi nous vanter. »

Telle fut sa première impression. Et puis, suivant l’impulsion de son entourage, elle fut dupe pendant quelque temps des promesses faites à la France, et subit le premier engouement, non pour les personnes, mais pour les choses restaurées. Cela ne fut pas de longue durée. Quand la dévotion fut à l’ordre du jour, elle revint à son dégoût pour les hypocrites ; je le dirai plus tard.

J’attendais avec anxiété une lettre de ma mère, elle arriva enfin. Ma pauvre petite maman avait été malade de peur. Par une chance singulière, un des cinq ou six boulets lancés