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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/166

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cette dernière contre elle. Et il faut bien dire que la maladie de cette pauvre grand’mère avait beaucoup changé son caractère. Elle avait des jours d’humeur que je ne lui avais jamais vus. Sa susceptibilité devenait excessive. En de certains momens, elle me parlait si sèchement que j’en étais atterrée. Mlle Julie prenait un empire extraordinaire, déplorable, sur son esprit, recevant toutes ses confidences et envenimant tous ses déplaisirs, à bonne intention sans doute, mais sans discernement et sans justice.

Pourtant ma mère eût supporté tout cela pour moi, si elle n’eût été continuellement inquiète de son autre fille. Je le compris ; je ne voulais pas que Caroline me fût sacrifiée, et pourtant Caroline commençait, de son côté, à être jalouse de moi, la pauvre enfant, à se plaindre des absences annuelles de sa mère, et à lui reprocher en sanglotant sa préférence pour moi.

Ainsi nous étions toutes malheureuses, et moi, cause innocente de toutes ces amertumes domestiques, j’en ressentais le contre-coup plus douloureusement encore que les autres.

Quand je vis ma mère faire ses paquets, je fus saisie de terreur. Comme elle était, ce jour-là, fort irritée des propos de Julie et disait qu’il n’y avait plus moyen de subir l’autorité d’une femme de chambre devenue plus maîtresse dans la maison que la maîtresse elle-même, je crus que ma mère s’en allait pour ne plus revenir ; je devinai, du