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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/206

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beaucoup de fautes par un trop grand amour de la gloire : mais il me jura qu’il aimait la France, et que désormais il ne songerait plus qu’à faire le bonheur du peuple. Sur quoi je le touchai de mon épée de feu qui devait le rendre invulnérable.

Il est fort étrange que je fisse ces rêves tout éveillée, et souvent en apprenant machinalement des vers de Corneille ou de Racine que je devais réciter à ma leçon. C’était une espèce d’hallucination, et j’ai remarqué depuis que beaucoup de petites filles, lorsqu’elles approchent d’une certaine crise de développement physique, sont sujettes à des extases ou à des visions encore plus bizarres. Je ne me rappellerais probablement pas les miennes si elles n’avaient pris obstinément la même forme pendant quelques années consécutives, et si elles ne s’étaient pas fixées sur l’empereur et sur la grande armée, il me serait impossible d’expliquer pourquoi. Certes, j’avais des préoccupations plus personnelles et plus vives, et mon imagination eût dû ne me présenter que le fantôme de ma mère dans l’espèce d’Éden qu’elle m’avait fait envisager un instant, et auquel j’aspirais sans cesse. Il n’en fut rien pourtant, je pensais à elle à toute heure et je ne la voyais jamais : au lieu que cette pâle figure de l’empereur que je n’avais vue qu’un instant se dessinait toujours devant moi et devenait vivante et parlante aussitôt que j’entendais prononcer son