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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/256

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grimper sur les arbres, ou nous précipiter du haut en bas des montagnes de gerbes entassées dans la grange, jeu délirant, je l’avoue, et que j’aimerais encore si je l’osais.

Cet accès de mouvement et de gaîté enivrante me faisait trouver plus de plaisir encore à retomber dans mes contemplations, et mon cerveau excité physiquement était plus riche d’images et de fantaisies. Je le sentais et ne m’en faisais pas faute.

Une autre amitié que je cultivais moins assidûment, mais où mon frère m’entraînait quelquefois, avait pour objet un gardeur de cochons qui s’appelait Plaisir. J’ai toujours eu peur et horreur des cochons, et pourtant, peut-être précisément à cause de cela, Plaisir, par la grande autorité qu’il exerçait sur ces méchans et stupides animaux, m’inspirait une sorte de respect et de crainte. On sait que c’est une dangereuse compagnie qu’un troupeau de porcs. Ces animaux ont entre eux un étrange instinct de solidarité. Si l’on offense un individu isolé, il jette un certain cri d’alarme qui réunit instantanément tous les autres. Ils forment alors un bataillon qui se resserre sur l’ennemi commun, et le force à chercher son salut sur un arbre ; car, de courir, il n’y faut point songer, le porc maigre étant, comme le sanglier, un des plus rapides et des plus infatigables jarrets qui