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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/355

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possible pour s’intéresser à elle et peut-être même pour l’aimer maternellement. Mais cela était si peu dans sa nature homasse et brutale qu’elle n’en pouvait venir à bout. Si elle la réprimandait, elle la frappait de terreur ou l’irritait au point qu’elle était forcée ensuite, pour ne pas céder, de l’enfermer ou de la battre. Si elle s’humanisait jusqu’à plaisanter et vouloir jouer avec elle, c’était comme un ours ferait avec une sauterelle. La petite enrageait et criait toujours, soit par espiéglerie mutine, soit par colère et désespoir. Du matin au soir c’était une lutte agaçante, insupportable à voir et à entendre, entre cette vilaine grosse femme et ce maussade et malheureux petit enfant, et tout cela sans préjudice des emportemens et des rigueurs dont nous étions toutes l’objet tour à tour.

J’avais désiré entrer à la petite classe, par un sentiment de modestie assez ordinaire chez les enfans dont les parens sont trop vains ; mais je me sentis bientôt humiliée et navrée d’être sous la férule de ce vieux père fouetteur en cotillons sales. Elle se levait de mauvaise humeur, elle se couchait de même. Je ne fus pas trois jours sous ses yeux sans qu’elle me prît en grippe et sans qu’elle me fît comprendre que j’allais avoir affaire à une nature aussi violente que celle de Rose, moins la franchise, l’affection et la bonté du cœur. Au premier regard attentif dont elle m’honora : « Vous me paraissez une personne