Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fort dissipée, » me dit-elle, et, dès ce moment, je fus classée parmi ses pires antipathies, car la gaîté lui faisait mal, le rire de l’enfance lui faisait grincer les dents, la santé, la bonne humeur, la jeunesse, en un mot, étaient des crimes à ses yeux.

Nos heures de soulagement et d’expansion étaient celles où une religieuse tenait la classe à sa place, mais cela durait une heure ou deux au plus dans la journée.

C’était un tort de la part de nos religieuses, de s’occuper si peu de nous directement. Nous les aimions : elles avaient toutes de la distinction, du charme ou de la solennité, quelque chose de doux ou de grave, ne fût-ce que l’extérieur et le costume, qui nous calmait comme par enchantement. Leur claustration, leur renoncement au monde et à la famille avaient ce seul côté utile à la société qu’elles pouvaient se consacrer à former nos cœurs et nos esprits, et cette tâche leur eût été facile, si elles s’en fussent occupées exclusivement : mais elles prétendaient n’en avoir pas le temps, et elles ne l’avaient pas, en effet, à cause des longues heures qu’elles donnaient aux offices et aux prières. Voilà le mauvais côté des couvens de filles. On y emploie ce qu’on appelle des maîtresses séculières, sorte de pions femelles qui font les bons apôtres devant les religieuses, et qui abrutissent ou exaspèrent les enfans. Nos religieuses eussent