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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/359

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mordis les lèvres et me pinçai le nez pour ne pas rire ; mais la religion du couvent me parut une si niaise et si ridicule affaire que je résolus d’en prendre à mon aise, et surtout de ne la jamais prendre au sérieux.

Je me trompais. Mon jour devait venir, mais il ne vint pas tant que je fus à la petite classe. J’étais là dans un milieu tout à fait impropre au recueillement, et certes je ne fusse jamais devenue pieuse si j’étais restée sous le joug odieux de Mlle D……, et sous la férule un peu pédante de la bonne mère Alippe.

Je n’avais pas de parti pris en entrant au couvent. J’étais plutôt portée à la docilité qu’à la révolte. On a vu que j’y arrivais sans humeur et sans chagrin ; je ne demandais pas mieux que de m’y soumettre à la discipline générale. Mais quand je vis cette discipline si bête à mille égards et si méchamment prescrite par la D***, je mis mon bonnet sur l’oreille, et je m’enrégimentai résolument dans le camps des diables.

On appelait ainsi celles qui n’étaient pas et ne voulaient pas être dévotes. Ces dernières étaient appelées les sages. Il y avait une variété intermédiaire qu’on appelait les bêtes, et qui ne prenait parti pour personne, riant à gorge déployée des espiègleries des diables, baissant les yeux et se taisant aussitôt que paraissaient les maîtresses ou les sages, et ne manquant jamais de dire, aussitôt qu’il y avait danger : « Ce n’est pa