Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s moi ! »

Au Ce n’est pas moi des bêtes égoïstes, quelques-unes, complétement lâches, prirent bientôt l’habitude d’ajouter : C’est Dupin ou G***.

Dupin, c’était moi : G***, c’était autre chose : c’était la figure la plus saillante de la petite classe, et la plus excentrique de tout le couvent.

C’était une Irlandaise de 11 ans, beaucoup plus grande et plus forte que moi, qui en avait treize. Sa voix pleine, sa figure franche et hardie, son caractère indépendant et indomptable lui avaient fait donner le surnom du garçon ; et quoique ce fût bien une femme, qui a été belle depuis, elle n’était pas de notre sexe par le caractère. C’était la fierté et la sincérité mêmes, une belle nature, en vérité, une force physique tout à fait virile, un courage plus que viril, une intelligence rare, une complète absence de coquetterie, une activité exubérante, un profond mépris pour tout ce qui est faux et lâche dans la société. Elle avait beaucoup de frères et de sœurs, dont deux au couvent, l’une desquelles (Marcella), personne excellente, est restée fille, et l’autre (Henriette), aimable enfant alors, est devenue Mme Vivien.

Mary G*** (le garçon) était sortie pour cause d’indisposition lorsque j’entrai au couvent. On m’en fit un portrait effroyable. Elle était la terreur des bêtes, et naturellement les bêtes étaient venues à moi pour commencer. Les sages m’avaient tâtée, et comme elles craignaient