Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de Ferrières avait encore de beaux restes, et n’était point fâchée de les montrer. Elle avait toujours les bras nus dans son manchon, dès le matin, quelque temps qu’il fît. C’étaient des bras fort blancs et très gras, que je regardais avec étonnement, car je ne comprenais rien à cette coquetterie surannée. Mais ces beaux bras de soixante ans étaient si flasques qu’ils devenaient tout plats quand ils se posaient sur une table, et cela me causait une sorte de dégoût. Je n’ai jamais compris ces besoins de nudité chez les vieilles femmes, surtout chez celles dont la vie a été sage. Mais c’était peut-être chez Mme de Ferrières une habitude de costume ancien quelle ne voulait point abjurer.

Mme de Béranger, non plus que la précédente, n’était la favorite d’aucune princesse de l’ancien ou du nouveau régime[1]. Elle s’estimait trop haut placée pour cela, car elle eût dit volontiers : C’est à moi d’avoir une cour, et non de faire partie de celle des autres. Je ne sais plus de qui elle était fille, mais son mari prétendait descendre de Béranger, roi d’Italie, du temps des Goths ; à cause de cela, sa femme et lui se croyaient des êtres supérieurs dans la création.

« Et comme du fumier regardaient tout le monde. »

Ils avaient été fort riches, et l’étaient encore

  1. Mme de Pardaillan était l’amie de la duchesse douairière d’Orléans.