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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/377

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dont nous ne savions pas la destination. Sous les combles existait une petite chambre où nous allions étudier un des trente pianos épars dans l’établissement. Chaque jour on avait une heure pour cette étude, dont fort peu d’entre nous se souciaient. J’avais bonne envie d’étudier pourtant, j’adorais toujours la musique. J’avais un excellent maître, M. Pradher. Mais je devenais bien plus artiste pour le roman que pour la musique, car quel plus beau poème que le roman en action que nous poursuivions à frais communs d’imagination, de courage et d’émotions palpitantes ?

L’heure du piano était donc tous les jours l’heure des aventures, sans préjudice de celles du soir. On se donnait rendez-vous dans une de ces chambres éparses, et de là on partait pour le je ne sais où, et le comme il vous plaira de la fantaisie.

Donc, de la mansarde où j’étais censée faire des gammes, j’observai un labyrinthe de toits, d’auvens, d’appentis, de soupentes, le tout couvert en tuiles moussues et orné de cheminées éraillées, qui offrait un vaste champ à des explorations nouvelles. Nous voilà sur les toits ; je ne sais plus avec qui j’étais, mais je sais que Fanelly (dont je parlerai plus tard) conduisait la marche. Sauter par la fenêtre ne fut pas bien difficile. À six pieds au-dessous de nous s’étendait une gouttière formant cout