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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/378

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ure entre deux pignons. Escalader ces pignons, en rencontrer d’autres, sauter de pente en pente, voyager comme les chats, c’était plus imprudent que difficile, et le danger nous stimulait loin, de nous retenir.

Il y avait dans cette manie de chercher la victime quelque chose de profondément bête, et aussi quelque chose d’héroïque : bête, parce qu’il nous fallait supposer que ces religieuses dont nous adorions la douceur et la bonté exerçaient sur quelqu’une quelque épouvantable torture ; héroïque, parce que nous risquions tous les jours notre vie pour délivrer un être imaginaire, objet des préoccupations les plus généreuses et des entreprises les plus chevaleresques.

Nous étions là depuis une heure, découvrant le jardin, dominant toute une partie des bâtimens et des cours, et prenant bien soin de nous blottir derrière une cheminée quand nous apercevions le voile noir d’une religieuse qui eût pu lever la tête et nous voir dans les nuages, lorsque nous nous demandâmes comment nous reviendrions sur nos pas. La disposition des toits nous avait permis de descendre et de sauter de haut en bas. Remonter n’était pas aussi facile. Je crois même que, sans échelle, c’était complétement impossible. Nous ne savions plus guère où nous étions. Enfin nous reconnûmes la fenêtre d’une pensionnaire en chambre, Sidonie Macdonald, fille du célèbre général. On pouvait y atteindre