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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/383

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on déjeûnait d’un morceau de pain et d’une tasse de thé. On voyait enfin, en entrant en classe, poindre un peu de clarté dans le ciel et un peu de feu dans le poêle. Moi, je ne dégelais que vers midi, j’avais des rhumes épouvantables, des douleurs aiguës dans tous les membres ; j’en ai souffert après pendant quinze ans.

Mais Mary ne pouvait supporter la plainte ; forte comme un garçon, elle raillait impitoyablement quiconque n’était pas stoïque. Elle me rendit ce service de me rendre impitoyable à moi-même. J’y eus quelque mérite, car je souffrais plus que personne, et l’air de Paris me tuait déjà.

Jaune, apathique, et muette, je paraissais en classe la personne la plus calme et la plus soumise. Jamais je n’eus avec la féroce D…… qu’une seule altercation que je raconterai plus tard. Je n’étais point répondeuse, je ne connaissais pas la colère, je ne me souviens pas d’en avoir eu la plus légère velléité pendant les trois ans que j’ai passés au couvent. Grâce à ce caractère, je n’y ai jamais eu qu’une seule ennemie, et je n’y ai par conséquent ressenti qu’une seule antipathie, c’est pour cela que j’ai gardé une sorte de rancune à cette D…… qui m’a fait connaître là le sentiment le plus opposé à mon organisation. J’ai toujours été aimée, même dans mon temps de pire diablerie, des compagnes les plus maussades et des maîtresses ou des nonnes les plus