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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/387

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venaient curieusement s’enquérir de ce que j’avais vu dans la journée. « Comme c’est triste de rentrer ! » me disait-on. Je ne répondais pas. Je ne pouvais expliquer pourquoi j’avais cette bizarrerie de me trouver mieux au couvent que dans ma famille.

À la veille du départ de ma grand’mère, un grand orage se forma contre moi dans les conseils de la supérieure. J’aimais à écrire autant que j’aimais peu à parler ; et je m’amusais à faire de nos espiègleries et des rigueurs de la D…, une sorte de journal satirique que j’envoyais à ma bonne maman, laquelle y prenait un grand divertissement et ne me prêchait nullement la soumission et la cajolerie, la dévotion encore moins. Il était de règle que nous missions le soir sur le bahut de l’antichambre de la supérieure les lettres que nous voulions envoyer. Celles qui n’étaient point adressées aux parens devaient être déposées ouvertes. Celles pour les parens étaient cachetées ; on était censé en respecter le secret.

Il m’eût été facile d’envoyer mes manuscrits à ma grand’mère par une voie plus sûre, puisque ses domestiques venaient souvent m’apporter divers objets et s’informer de ma santé ; mais j’avais une confiance suprême dans la loyauté de la supérieure. Elle avait dit devant moi à ma grand’mère qu’elle n’ouvrait jamais les lettres adressées aux parens. Je croyais, j’étais loyale, j’étais tranquille. Mais le volume de la fréquence de