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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/388

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mes envois inquiétèrent reverend mother[1]. Elle décacheta sans façon, lut mes satires et supprima les lettres. Elle me fit même ce bon tour trois jours de suite sans en rien dire, afin de bien connaître mes habitudes de chronique moqueuse et la manière dont la D…… nous gouvernait. Une personne de cœur et d’intelligence en eût fait son profit. Elle m’eût grondée peut-être, mais elle eût congédié la D… Il est vrai qu’une personne de cœur n’eût pas tendu un piége à la simplicité d’un enfant et n’eût pas abusé d’un secret qu’elle avait autorisé. La supérieure préféra interroger Mlle D…, qui, bien entendu, ne se reconnut pas au portrait plus ressemblant que flatté que j’avais tracé d’elle. Sa haine, déjà allumée par mon air calme et la douceur très réelle de mes manières, s’exaspéra, comme on peut le croire. Elle me traita de menteuse abominable, d’esprit fort (c’est-à-dire impie), de délatrice, de serpent, que sais-je ! La supérieure me manda et me fit une scène effroyable. Je restai impassible. Elle me promit ensuite bénignement de ne point faire connaître mes calomnies à ma grand’mère et de me garder le secret sur ces abominables lettres. Je ne l’entendais pas ainsi. Je sentis la duplicité de cette promesse. Je répondis que j’avais un brouillon de mes lettres, que ma grand’mère l’aurait, que je soutiendrais devant

  1. La réverende mère. On lui donnait ce titre en anglais seulement.