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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/397

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à lui en accorder ; secret hommage d’autant plus appréciable que je n’étais alors ni dévote ni royaliste.

Je l’écoutai causer, elle avait plus de naturel que d’esprit, du moins dans ce moment-là. Le paysan, en prenant congé, reçut d’elle une poignée de main, et mit son chapeau sur sa tête avant d’être sorti du salon, ce qui ne fit rire personne. Louise et ses sœurs étaient aussi simplement mises qu’elles étaient simples dans leurs manières. Cette simplicité allait même jusqu’à la brusquerie. Elles ne faisaient pas de petits ouvrages, elles avaient des quenouilles et affectaient de filer du chanvre, à la manière des paysannes. Je ne demandais pas mieux que de trouver tout cela charmant, et cela eût pu l’être.

Chez Louise, j’en suis certaine, tout était naïf et spontané ; mais le cadre où je la voyais ainsi jouer à la châtelaine de Vendée ne se mariait point avec ses allures de fille des champs. Un beau salon très éclairé, une galerie de patriciennes élégantes et de ladies compassées, une antichambre remplie de laquais, un portier qui insultait presque les gens en fiacre, cela manquait d’harmonie, et on y sentait trop l’impossibilité d’un hymen public et légitime entre le peuple et la noblesse.

Cette pensée d’hyménée me rappelle une des plus étranges et des plus significatives aventures de la vie de Mme de la Rochejaquelein. Elle était